La psychoéducation : quelques programmes clés vers le rétablissement

pictogramme calendrier 19 mai 2025

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La psychoéducation est un levier puissant pour les personnes vivant avec des troubles psychiques, mais aussi pour leurs proches. Chaque année, plus de 13 millions de personnes souffrent de troubles psychiques en France. Trop souvent, ces troubles s’accompagnent de souffrances, dus à un retard au diagnostic, de la stigmatisation, d’un manque d’accès au soin et à l’accompagnement.. Familles, proches, amis, collègues, nous sommes tous, de près ou de loin, concernés. 

Dans ce tumulte, la psychoéducation permet de mieux comprendre la maladie, d’apprendre à la gérer au quotidien et de sortir de l’isolement. Elle fait partie de ces outils essentiels : en apportant compréhension, repères, et stratégies concrètes, elle permet aux personnes concernées et à leurs proches de renforcer leur pouvoir d’agir. Plein Espoir fait ici le point sur les principaux programmes de psychoéducation disponibles. 

Psychoéducation et Éducation Thérapeutique du Patient, quelles différences ?

On distingue souvent l’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) et la psychoéducation, deux approches qui aident à mieux comprendre et gérer une maladie, mais dans des contextes différents. L’ETP s’adresse surtout à celles et ceux avec des maladies chroniques et vise à leur donner les compétences pour gérer leur quotidien, avec des programmes structurés et validés par des professionnels dans un cadre légal strict. La psychoéducation, elle, concerne la santé mentale : elle informe et accompagne les personnes vivant avec des troubles psychiques et leurs proches, de façon plus souple et souvent en complément d’un suivi médical. Contrairement à l’ETP, elle n’est pas encadrée par la loi, et elle vise à soutenir et à co-construire la compréhension du trouble. Malgré leur importance, ces programmes restent encore trop peu connus, alors que beaucoup de proches accompagnent quotidiennement sans toujours avoir accès à ces ressources. L’association PromesseS a répertorié les principaux programmes  de psychoéducation sur son site et la plateforme Cart’EP a cartographié en île-de-France des programmes d’ETP en fonction des pathologies.

Les troubles schizophréniques

Pour les personnes concernées

Vivre avec une schizophrénie ou un trouble apparenté, c’est souvent naviguer entre difficultés, émotions fortes et incertitudes. On peut se sentir perdu·e ou isolé·e, mais il existe des programmes pensés pour accompagner, informer et donner des outils concrets afin de mieux comprendre la maladie et retrouver confiance au quotidien.

  • RECOS : Un programme pour renforcer la mémoire, l’attention ou la concentration. Sur 14 semaines, on alterne deux séances en présentiel et des exercices à faire chez soi.
  • PEP’S : Les émotions positives sont souvent oubliées dans la maladie. Ce programme aide à les retrouver à travers 8 ateliers de groupe, avec vidéos, sons, et partages. On y apprend à se reconnecter au plaisir et à dépasser les pensées négatives.
  • TIPP : Un dispositif pour les 18-35 ans, dès les premiers signes de trouble. On y reçoit un accompagnement personnalisé, mêlant soins, soutien social, psychoéducation et implication des proches. Un volet spécifique existe aussi pour les jeunes à risque.
  • AVEC : 9 séances pour mieux comprendre la maladie, communiquer et prévenir les rechutes. On y partage aussi des expériences avec d’autres familles. Un vrai espace de soutien.
  • Arsimed : Un programme en trois parties : deux pour la personne concernée (mieux comprendre la maladie et les traitements), une pour les proches. On avance en petits groupes, à raison d’une séance toutes les deux semaines.
  • I Care You Care : Pensé pour les jeunes (16-30 ans) après un premier épisode. Le programme réunit jeunes et familles pendant 12 séances. Il est animé par des pairs et des parents aidants. On y renforce ensemble la compréhension, l’adhésion aux soins et la confiance.

Pour les proches

Être proche d’une personne vivant avec une schizophrénie ou un trouble apparenté, c’est souvent faire face à beaucoup d’incompréhension, d’émotions, et de solitude. Heureusement, des programmes existent pour se sentir moins seul, mieux informé et plus serein.

  • Profamille : Ce programme s’adresse aux familles et proches. Il se déroule en deux cycles de 14 séances, puis un module d’approfondissement. On y avance par étapes pour comprendre la maladie, améliorer la communication, gérer ses émotions et renforcer la confiance. On y apprend aussi à identifier ses ressources et consolider ses acquis. Animé par des professionnels, il aide à mieux faire face aux difficultés du quotidien et favorise le rétablissement de la personne concernée. Près de la moitié des familles voient une amélioration durable, et les rechutes sont réduites de moitié.
  • BREF : un accompagnement court et ciblé pensé pour les aidants, ce programme se déroule en 3 séances individuelles. On y reçoit une écoute attentive, des infos claires sur la maladie, et un lien vers les associations de soutien.
  • KézakoSchizo : Conçu pour les frères, sœurs ou jeunes aidants (18–35 ans), ce programme innovant propose une session immersive (1,5 jour) ainsi qu’un escape game quelques mois plus tard pour ancrer les apprentissages.Un format original et vivant, qui aide à mieux comprendre la maladie et à trouver sa place en tant que proch

Les troubles bipolaires

Pour les personnes concernées


Les personnes vivant avec un trouble bipolaire peuvent bénéficier de programmes de psychoéducation pour mieux reconnaître les signes avant-coureurs, comprendre les déclencheurs des épisodes, stabiliser leur mode de vie, et améliorer l’adhésion au traitement. De nombreux programmes sont transverses et peuvent s’adresser à des personnes vivant avec différents troubles.

Parmi les approches disponibles :

  • Les groupes de psychoéducation en CMP (Centres Médico-Psychologiques), souvent proposés sous forme d’ateliers thématiques (sommeil, rythme de vie, gestion du stress, etc.).
  • L’Éducation thérapeutique du patient (ETP) : elle permet à la personne de développer des compétences d’autosoins et d’adaptation dans un cadre structuré.
  • Hopestage : Une alternative innovante au système de santé classique, qui mise sur la compréhension, le soutien entre pairs, et des outils concrets pour aider les personnes bipolaires à se stabiliser, se reconstruire, et s’épanouir. À travers son association « Les Étapes de l’Espoir », elle met en place des modules de psychoéducation qui éclairent sur la compréhension des bipolarités (comprendre ses phases dépressives et maîtriser ses phases maniaques par exemple). Elle oriente aussi sur les thématiques de travail et de finance. Sur 8 semaines, le programme offre des sessions live hebdomadaires, plus de 150 vidéos et ressources, ainsi que des exercices pratiques pour améliorer le quotidien. La structure peut aussi aider un proche de personne concernées à prendre soin de soi pour mieux accompagner son proche via une expertise et un réseau d’entraide, ainsi que des consultations par visioconférence.

Pour les proches


Les familles jouent un rôle crucial dans la prévention des rechutes. Certains programmes nous donnent des clés pour mieux comprendre les épisodes maniaques ou dépressifs, réduire les tensions familiales et s’inscrire dans un soutien durable.

  • LÉO : Bien que pensé initialement pour les troubles schizophréniques, ce programme a été conçu de manière modulaire et s’adapte également aux troubles bipolaires. LEO est co-construit avec le Collectif Schizophrénies et offre en 8 séances une base commune de compétences pour les familles, quels que soient les troubles concernés (schizophrénie, bipolarité, dépression).
  • Atelier Prospect : Animé par des pairs aidants, cet atelier propose un temps fort de 3 jours, réparti en 10 modules. On y parle de la maladie, de ses impacts, mais surtout de soi : comment préserver son équilibre, sortir de l’isolement et se projeter différemment. Un vrai espace pour souffler, comprendre et reconstruire.
  • Profamille : Ce programme peut aussi être proposé à des proches de personnes vivant avec un trouble bipolaire. Ses Cycles de 14 à 18 séances apportent des clés de compréhension, de communication, et d’aide à distance émotionnelle et favorisent un climat plus serein au sein de la famille.

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)

Pour les personnes concernées

Les TOC sont souvent mal compris et retardent l’accès aux soins. Des programmes de psychoéducation permettent de démystifier le trouble, de travailler sur l’adhésion aux thérapies (notamment TCC) et de mieux gérer les crises.

  • Modules de psychoéducation intégrés aux thérapies comportementales et cognitives (TCC) : souvent utilisés en centre expert ou hôpital de jour.
  • AFTOC : Cette association met en œuvre un programme de sensibilisation et de soutien pour mieux faire connaître les TOC, soutenir les personnes concernées et lutter contre les préjugés. Elle mène des actions de sensibilisation en milieu scolaire et a mis en place des groupes de parole. On peut aussi consulter sur sa chaîne Youtube des vidéos de témoignages, interviews de spécialistes et infos sur les soins et les recherches.

Pour les proches

Quand un proche vit avec un TOC, on peut se sentir démuni, épuisé, ou même coupable. Parfois, sans le vouloir, on agit d’une façon qui aggrave la situation. Des groupes familiaux psychoéducatifs, lorsqu’ils existent, permettent de mieux comprendre les mécanismes du TOC, apaiser les tensions, sortir de la culpabilité et adopter des stratégies plus adaptées au quotidien.

  • LÉO 2.0 : Un programme en ligne pensé pour les aidants de personnes vivant avec des troubles psychiques (schizophrénie, bipolarité, addictions, TOC...). Créé par la Fondation FondaMental, en partenariat avec le CLAP du Vinatier, le Collectif Schizophrénie et Klésia. On y apprend à mieux gérer son stress et ses émotions, à communiquer plus efficacement avec son proche, et à soutenir la motivation au soin et lutter contre l’auto-stigmatisation.
  • L’atelier Prospect :  Une formation sur trois jours, animée par des pairs aidants, en petits groupes. À travers dix modules, on prend du recul, on renforce sa confiance, et on explore des pistes concrètes pour retrouver un équilibre personnel.

La dépression

Pour les personnes concernées

Avec la psychoéducation, on vise surtout à prévenir les rechutes, apprendre à repérer les signes d’alerte et organiser un quotidien qui protège. On peut trouver des groupes de psychoéducation en CMP ou en hôpitaux de jour.

  • Le Groupe TCC - Dépression du GHU Paris propose un programme de 8 séances en groupe. On y découvre la dépression, on apprend des stratégies cognitives et comportementales pour mieux y faire face, et on travaille à éviter les rechutes. Comme dans toute thérapie cognitive et comportementale, on progresse à son rythme en apprenant des outils concrets à utiliser au quotidien.
  • Dans certaines structures hospitalières, on trouve aussi des programmes d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) autour de la dépression, qui abordent des sujets comme le sommeil, l’alimentation, l’activité physique ou l’estime de soi. Pour les troubles dépressifs résistants, on développe des programmes mixtes qui combinent thérapies et psychoéducation.

Pour les proches

  • Atelier Prospect : on se réunit à une douzaine, animé·e·s par des bénévoles formé·e·s, pour prendre du recul, retrouver de l’estime de soi, mieux comprendre la maladie, et repartir avec des ressources pour avancer. C’est aussi un espace bienveillant pour partager, sortir de l’isolement et retrouver confiance dans ses relations.
  • Certains modules du programme LÉO accompagnent les familles dans la compréhension de la dépression et dans la manière d’apporter un soutien juste, sans tomber dans la surprotection.
  • Des associations comme l’UNAFAM proposent également des groupes de parole ou des ateliers pour les proches.

Le trouble de la personnalité borderline

Pour les personnes concernées

On trouve des programmes spécifiques pour mieux comprendre les émotions intenses, les relations difficiles et les comportements à risque.

  • Le Programme STEPPS, basé sur les thérapies comportementales, est proposé dans certains CHU. Il se compose de séances hebdomadaires en groupe sur 20 semaines. Au fil du programme, on apprend à mieux gérer ses émotions, prendre soin de sa santé (sommeil, alimentation), et à remettre en question ses pensées négatives en adoptant une nouvelle perspective sur ce que l’on ressent. Ce programme encourage aussi à identifier et mobiliser une équipe de soutien (famille, ami·e·s, collègues ou professionnel·le·s)  pour mieux traverser les crises.
  • Il y a aussi des thérapies intégratives avec modules psychoéducatifs, comme la Thérapie Comportementale Dialectique (TCD). Cette approche combine thérapie individuelle, séances de groupe et parfois un soutien téléphonique. Elle aide à mieux réguler ses émotions, améliorer ses relations, et s’accepter soi-même, en sortant du mode de pensée tout ou rien. Très utilisée pour le trouble borderline, elle est particulièrement répandue en Suisse.

Pour les proches 

Les familles peuvent se sentir perdues face à l’instabilité émotionnelle ou aux crises. Des programmes adaptés existent pour les soutenir.

  • Connexions Familiales s’adresse aux proches (parents, conjoints, autres membres de la famille) d’adolescent·e·s ou adultes avec un trouble borderline ou une dysrégulation émotionnelle. La personne concernée n’y participe pas. Sur 12 séances hebdomadaires de 2 heures, on apprend des infos actualisées sur le trouble, des compétences relationnelles (pleine conscience, communication efficace, validation émotionnelle), et on échange en petits groupes. Ces rencontres aident aussi à créer des réseaux de soutien entre familles.
  • L’association ESPER Pro promeut la pair-aidance et les savoirs d’expérience, avec un programme qui s’adresse aussi aux proches et aux personnes concernées.
  • Enfin, les programmes Prospect et LÉO peuvent accompagner les proches pour adopter une posture aidante tout en protégeant leur propre équilibre.

Autres troubles (troubles anxieux sévères, troubles alimentaires, spectre autistique)

Selon le diagnostic principal, on peut proposer différentes formes de psychoéducation :

  • ETP pour les troubles anxieux (trouble panique, anxiété généralisée).
  • Programmes intégrés pour les TSA (troubles du spectre autistique) avec comorbidités psychiatriques, notamment en centres hospitaliers spécialisés.
  • Le programme ETAAP (Éducation Thérapeutique pour les personnes avec trouble du spectre de l’autisme et leurs proches), lancé récemment par le C3RP à Paris, s’adresse aux adultes autistes et à leur entourage. On y travaille en 11 séances de deux heures, réparties en deux groupes : un pour les personnes concernées, un autre pour leurs proches. Chaque séance est co-animée par un professionnel de santé et une personne concernée par l’autisme, pour favoriser une approche collaborative et inclusive. L’objectif, c’est d’aider à mieux comprendre l’autisme, renforcer l’autonomie, améliorer les relations avec les proches, et réduire les symptômes d’angoisse. Le programme combine exercices pratiques en séance, tâches à faire chez soi et évaluations régulières pour ajuster le suivi. Les premiers retours sont très positifs, avec un bon taux de participation et beaucoup de satisfaction parmi les participant·e·s.

Bien que les bénéfices de la psychoéducation soient clairement démontrés, elle reste encore trop peu accessible : seules 3 % des familles touchées par la schizophrénie y ont accès en France. La psychoéducation est un des leviers du rétablissement, elle offre des clés de compréhension, redonne de l’espoir et tisse du lien entre les personnes concernées comme leurs proches et peut s’avérer être un soutien important en créant des réseaux d’entraide.

Où se renseigner / s’inscrire à un programme ?

Pour se renseigner vous pouvez vous adresser aux :

  • Aux Unités transversales d’éducation thérapeutique du patient présentes (UTEP) dans les hôpitaux et qui sont une source d’information concernant ces programmes spécialisés. Aux CMP (Centre Médico-Psychologique) : le premier point d’entrée pour des soins gratuits près de chez soi
  • Aux Associations de patients et familles : véritables relais d’information, d’écoute et d’accompagnement comme l’UNAFAM, PromesseS ou des structures spécialisées comme la Maison Perchée, le Collectif Schizophrénie, ou encore des fondations de recherche comme FondaMental

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