Comment prendre soin de notre santé mentale au travail ?

Le travail et la santé mentale sont deux notions clés de notre quotidien, essentielles pour chacun de nous mais parfois complexes à définir et à équilibrer. Lorsque l’on parle de travail ici, on ne se limite pas au salariat ; on inclut aussi le bénévolat, le travail indépendant, ou encore le soutien à un proche. En somme, travailler, c’est avant tout se mettre en mouvement, en activité. C’est trouver un moyen de contribuer à la société, de se réaliser, et de trouver un équilibre. La santé mentale, quant à elle, repose sur la recherche de cette harmonie entre les ressources dont on dispose dans la vie et les obstacles que l’on rencontre. Maintenir cet équilibre, particulièrement dans le contexte professionnel où les pressions peuvent être fortes, les règles et hiérarchies parfois obscures, et la séparation entre les enjeux personnels et professionnels, artificielle, est un enjeu majeur.


Si le travail est souvent perçu comme une source de réalisation et de stabilité, il peut rapidement se transformer en un facteur de stress et de pression intense, mettant en danger notre santé mentale. Prendre conscience de l’impact profond que le travail peut avoir sur notre équilibre mental est une étape cruciale pour mieux en prendre soin. Préserver cette harmonie n’est donc plus un simple choix, mais une nécessité pour chacun de nous, que l’on vive avec un trouble psychique ou que l’on cherche à affronter les exigences croissantes du monde professionnel.

S’entraîner à reconnaître les signes de surcharge et adopter les bons réflexes

Les signes de la détérioration de notre santé mentale au travail peuvent être subtils et s’installer sans qu’on s’en aperçoive. Un manque d’énergie persistant, des sautes d’humeur, ou une baisse de motivation peuvent s’accumuler jusqu’à rendre notre quotidien difficilement supportable. Pour certaines personnes, la fatigue, parfois intense, ne disparaît pas après une nuit de sommeil ou un week-end de repos. Elle persiste et peut s’accompagner d’irritabilité ou de difficultés de concentration.


Ces premières alertes ne doivent pas être ignorées ou minimisées. Elles doivent être considérées pour ce qu’elles sont : des signes avant-coureurs de notre épuisement professionnel. Il est donc essentiel pour chacun de nous de reconnaître ces changements, d’adopter les réflexes nécessaires pour se préserver et savoir prendre du recul quand cela est nécessaire. Un regard attentif sur nous-même, quand nous en avons la capacité, peut nous aider à repérer les moments où le travail devient une source de souffrance plutôt que d’épanouissement, et à en parler rapidement autour de nous.

Des participants durant les Ateliers du rétablissement en Santé mentale IDF ©️Maxime Gruss pour Santé mentale France

Tenter de mettre en place des routines pour nous protéger

Instaurer une routine quotidienne peut nous aider à contrer les effets du stress en apportant un sentiment de contrôle sur notre environnement. Prendre des pauses régulières pour s’éloigner de l’écran ou des tâches en cours peut sembler anodin, mais ces moments de déconnexion sont précieux pour nous aider à réduire la pression et prendre du recul. Une simple marche, quelques exercices de respiration, ou une pause pour écouter de la musique calme peuvent également nous aider à transformer l’ambiance de travail et diminuer les tensions et les émotions qui nous traversent.


Se fixer des limites claires entre vie professionnelle et personnelle est également un levier essentiel pour préserver notre santé mentale. S’accorder des moments où l’on ne consulte ni emails professionnels ni dossiers de travail est une manière de respecter sa vie privée et son bien-être. Cela signifie, par exemple, savoir fermer son ordinateur en fin de journée et s’orienter vers des activités de loisirs et de détente. Ces pratiques contribuent à réduire l’anxiété et à empêcher que le travail n’envahisse la sphère personnelle. Le droit à la déconnexion a, par ailleurs, été récemment reconnu par la Cour de Cassation et est à présent ouvertement consacré par le Code du Travail.

Savoir mettre sa santé en priorité, c’est la base de la réussite dans le milieu professionnel. Sans ça, le risque de décrochage et de perte d’emploi devient de plus en plus important. Thibault – journaliste et personne concernée

Organiser notre espace de travail pour diminuer la tension

Un espace de travail bien organisé joue un rôle essentiel, souvent sous-estimé, dans notre bien-être mental. Des études montrent que l’environnement influe directement sur notre humeur et concentration. Par exemple, un bureau encombré, un éclairage inadéquat ou une mauvaise ergonomie peuvent rapidement devenir des sources de tension et des points de fixation. À l’inverse, un espace bien aménagé peut améliorer de façon significative notre état d’esprit.


Pour aménager un environnement de travail favorable à notre santé mentale, quelques gestes simples peuvent suffire : optimiser l’éclairage, adapter le mobilier pour plus de confort, introduire des plantes… Ce soin apporté à notre espace « à nous » contribue à créer une atmosphère de travail sereine et propice à notre équilibre.

Apprendre à gérer notre stress au quotidien

Le stress est quasi inévitable dans le monde du travail, mais il peut être canalisé pour ne pas devenir une source de souffrance et d’empêchement. Apprendre à prioriser et à organiser les tâches permet de réduire les risques d’accumulation de travail de dernière minute et d’éviter le sentiment de submersion que l’on peut parfois ressentir. Concrètement, cela implique de co-définir avec son manager des objectifs réalistes, de répartir les tâches dans le temps, et surtout de reconnaître nos limites en acceptant que tout ne peut pas être accompli instantanément.


Parmi d’autres, la méthode Pomodoro est une technique de gestion du temps, qui consiste à travailler par intervalles de 25 minutes suivies de courtes pauses. Ce rythme aide à maintenir notre concentration tout en prévenant la fatigue mentale. Ces techniques permettent non seulement de maintenir un niveau d’activité constant, mais aussi de préserver un équilibre mental en évitant l’épuisement. Bien qu’il ne soit pas toujours facile de s’y tenir, ce type de méthodes peut être inspirant pour chercher à nous structurer.

Nos relations sociales : un soutien essentiel au travail, tout comme chez nous !

Prendre du recul, seul, est parfois une bonne solution pour nous soulager de pressions sociales importantes, y compris au travail. Mais l’isolement prolongé peut aggraver la détérioration de notre santé mentale si ce recul n’est pas bien géré et s’il devient repli. Les interactions avec les collègues, même informelles, jouent un rôle précieux car elles nous apportent un soutien moral. Il est important de le rappeler. Partager un café, échanger sur un projet, ou même discuter entre deux réunions sont autant d’occasions de tisser des liens et de renforcer notre réseau de soutien.


Ces moments informels nous aident à briser le sentiment de solitude, à partager des expériences, et à nous sentir entouré dans un univers parfois compétitif et aux enjeux complexes. Rechercher des moments simples et de convivialité, participer à des activités de groupe, et établir des relations de confiance sont des pratiques essentielles pour se sentir intégré et soutenu. À chacun de nous ensuite d’expérimenter les différents scénarios qui s’offrent alors (activités en groupe ou en binôme avec un collègue, choix d’une salle plutôt qu’une autre, etc.).

Oser demander de l’aide… sans hésiter

Préserver notre santé mentale implique parfois d’apprendre à demander de l’aide. Cela n’a rien à voir avec de la faiblesse, au contraire, c’est une démarche proactive et une preuve de responsabilité envers nous-même. Faire appel à un professionnel de santé mentale peut nous offrir un soutien précieux. Des consultations et des échanges avec les bons acteurs aident souvent à voir les situations sous un angle différent, à réduire les tensions accumulées, et à découvrir des outils pour mieux gérer nos défis quotidiens.


Des acteurs comme le Psycom, organisme public d’information sur la santé mentale ou le Centre Ressources de notre région (les « Crehpsy » – le Céapsy pour l’Île-de-France) peuvent nous aider à nous orienter dans notre recherche et trouver les acteurs adéquats à notre situation.


À noter : certaines entreprises mettent en place des programmes d’aide aux employés (PAE), incluant par exemple des consultations avec des professionnels, des ateliers pratiques, et des formations pour les managers. Ce type de dispositifs instaure un climat de travail bienveillant et inclusif, et sont des ressources importantes pour celles et ceux qui ressentent le besoin de se confier ou d’être accompagnés.

Plaçons la santé mentale au cœur de notre vie professionnelle

Chercher à préserver sa santé mentale au travail n’est pas une tâche ponctuelle ; c’est un engagement quotidien et sur la durée, un équilibre à cultiver et à ajuster en permanence. En mettant en place des outils pratiques, en créant un environnement propice à la concentration et à la sérénité, et en renforçant nos liens sociaux, il est en tout cas possible de favoriser un climat sain dans notre cadre professionnel.

Chez Plein Espoir, nous croyons en un environnement de travail où chacun peut s’épanouir, et nous nous engageons à promouvoir des pratiques et des solutions qui mettent la santé mentale au centre des préoccupations. Au-delà des objectifs et des résultats, la santé mentale des individus reste la clé d’un parcours professionnel durable.


Vous souhaitez en savoir plus et rencontrer d’autres personnes engagées dans le rétablissement ? Rejoignez les réseaux sociaux de Plein Espoir, le média participatif en plein développement, dédié au rétablissement des personnes concernées par les troubles psychiques.


Cet espace inclusif est une initiative collaborative ouverte à toutes et tous : personnes concernées, proches, et professionnels de l’accompagnement. Vos idées, témoignages, et propositions sont les bienvenus pour enrichir cette aventure. Contribuons ensemble à bâtir une société plus éclairée et inclusive.

La RQTH comme levier de rétablissement et d’inclusion au travail

En France, près de 12 millions de personnes vivent avec un trouble psychique, selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Pour ces personnes, le parcours professionnel peut s’avérer particulièrement complexe, en raison de la nécessité de concilier stabilité économique et préservation de leur santé mentale. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), délivrée par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), constitue une réponse à cette situation. Plus qu’un simple statut administratif, la RQTH peut devenir un véritable levier de rétablissement, permettant à chaque personne concernée de bénéficier de droits, de protections et de soutiens adaptés à sa santé mentale.

Pourquoi demander la RQTH ? Les bénéfices au quotidien

Obtenir la RQTH permet aux personnes concernées d’accéder à une série de droits spécifiques et d’aménagements de poste qui facilitent leur inclusion professionnelle. Ces aménagements peuvent inclure des horaires flexibles, des pauses supplémentaires, ou des aménagements ergonomiques pour adapter le lieu de travail à leurs besoins. En France, les troubles psychiques représentent 23 % des handicaps reconnus par la MDPH, ce qui souligne l’importance de ce dispositif pour des milliers de travailleurs. Grâce à la RQTH, beaucoup peuvent ainsi concilier plus facilement leur vie professionnelle et la gestion de leur santé. Ce statut facilite également le dialogue avec l’employeur, en offrant un cadre administratif reconnu pour discuter des besoins spécifiques.


Selon une étude de Santé Publique France, 68 % des personnes vivant avec un trouble psychique affirment que des ajustements de poste ont amélioré leur bien-être au travail. Par ailleurs, 64 % estiment que la RQTH a significativement réduit le stress lié à leur emploi. Cette reconnaissance garantit un accès sécurisé à des aménagements adaptés, tout en protégeant les droits des travailleurs, notamment en matière de prévention des discriminations.


La RQTH peut également offrir des solutions concrètes pour mieux gérer les périodes de vulnérabilité. Par exemple, elle ouvre l’accès à des dispositifs de soutien psychologique au sein de l’entreprise, tels que des consultations avec des psychologues ou des coachs spécialisés. La RQTH facilite également l’accès à des dispositifs et structures spécialisés dans l’insertion professionnelle, rendant possible une recherche d’emploi adaptée ou une réorientation professionnelle dans des conditions optimales. Des acteurs tels que La Fondation Falret et l’Association Messidor accompagnent les personnes concernées dans la gestion de leurs parcours, en leur fournissant des conseils éclairés pour mieux comprendre leurs droits, leurs démarches et les ressources à leur disposition.

Congrès Réh@b 2024 ©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France

Un processus en faveur du rétablissement

La RQTH n’est pas simplement un statut administratif : elle marque le début d’un processus d’acceptation et de « gestion » du trouble psychique. Obtenir cette reconnaissance peut être perçu comme un choc au départ, mais elle peut ouvrir la voie à une meilleure prise en charge et à un chemin de rétablissement durable. Cette démarche permet à chaque personne de mieux intégrer ses limites et fragilités dans son quotidien, tout en bénéficiant de soutiens adaptés. Au fil du temps, ce processus peut devenir une source d’empowerment et d’autonomisation, en permettant de mieux gérer les défis du parcours professionnel sans sacrifier sa santé mentale.

La RQTH, c’est comme une carte joker qui permet d’avoir un atout supplémentaire en cas de besoin. On n’est pas contraint de la montrer tout le temps, mais savoir qu’elle est là, en cas de besoin, peut déjà être un grand soulagement. Maxime M – vidéaste et personne concernée

Les démarches à suivre pour obtenir la RQTH

Bien que la démarche administrative puisse sembler complexe, elle est bien encadrée et permet d’obtenir des soutiens précieux.


La demande se fait auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et nécessite la constitution d’un dossier, comprenant notamment un formulaire spécifique et un certificat médical détaillant les effets du trouble sur la vie quotidienne et professionnelle. Le traitement de la demande peut prendre plusieurs mois, et la RQTH est valide pour une durée déterminée, renouvelable.


Les démarches sont disponibles en ligne sur le site de la MDPH, et des guides pratiques sont proposés par des organismes comme Psycom pour aider à la préparation du dossier.

Une démarche de reconnaissance, pour un parcours de rétablissement durable

Obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé est un choix personnel et une démarche importante. Pour ceux qui vivent avec un trouble psychique, cette reconnaissance peut offrir un accès à des aménagements essentiels, permettant de mieux gérer le quotidien, de renforcer l’estime de soi et de construire une carrière tout en préservant leur santé mentale. Toutefois, il est important de se faire accompagner par un professionnel pour déterminer si cette démarche est adaptée à sa situation. Un soutien personnalisé peut aider à évaluer les bénéfices potentiels pour sa situation et à s’assurer que la RQTH répond véritablement à ses besoins spécifiques.

Chez Plein Espoir, nous croyons en un environnement de travail où chacun peut s’épanouir, et nous nous engageons à promouvoir des pratiques et des solutions qui mettent la santé mentale au centre des préoccupations. Au-delà des objectifs et des résultats, la santé mentale des individus reste la clé d’un parcours professionnel durable.


Vous souhaitez en savoir plus et rencontrer d’autres personnes engagées dans le rétablissement ? Rejoignez les réseaux sociaux de Plein Espoir, le média participatif en plein développement, dédié au rétablissement des personnes concernées par les troubles psychiques.


Cet espace inclusif est une initiative collaborative ouverte à toutes et tous : personnes concernées, proches, et professionnels de l’accompagnement. Vos idées, témoignages, et propositions sont les bienvenus pour enrichir cette aventure. Contribuons ensemble à bâtir une société plus éclairée et inclusive.

Milieu ordinaire & milieu protégé : quelle différence ?

Dans le film The Truman Show, le personnage de Truman (interprété par Jim Carrey, acteur lui-même concerné par les troubles bipolaires) vit dans un monde méticuleusement façonné pour le protéger, une bulle de sécurité conçue pour le maintenir à l’abri des dangers extérieurs. Au fil du temps, Truman commence à percevoir cette bulle non plus comme un refuge, mais comme une prison dorée, se demandant s’il peut vraiment exister au-delà de cet environnement contrôlé. Pour beaucoup d’entre nous, particulièrement ceux concernés par des troubles psychiques, cette métaphore résonne. Si la sécurité et l’accompagnement offrent un certain confort et rassurent, ils soulèvent aussi des interrogations sur l’autonomie, l’épanouissement personnel et la liberté.

Aussi lorsqu’une personne qui vit avec un trouble psychique doit choisir entre milieu protégé et milieu ordinaire pour travailler, elle doit quelque part trouver un équilibre entre la sécurité (pour éviter les risques de stress ou de rechute), l’indépendance (pour s’affirmer professionnellement) et son bien-être (en fonction de ses besoins et de ses capacités).

Un milieu protégé désigne un environnement adapté où les personnes bénéficient d’un soutien renforcé, d’un cadre structuré et d’une protection contre des défis extérieurs potentiellement trop stressants ou risqués. Il peut s’agir de structures spécialisées, de dispositifs d’accompagnement ou de lieux de travail adaptés.

Un milieu ordinaire fait référence à un environnement plus ouvert et intégré, tel qu’un lieu de travail classique, qui n’est pas spécifiquement conçu pour répondre aux besoins particuliers des individus, mais qui peut, malgré tout, leur offrir des opportunités d’épanouissement. 


Le choix entre ces deux types de milieux de travail implique de se questionner sur la manière dont on peut préserver sa santé mentale, composer avec sa singularité tout en cherchant à s’épanouir et à être inclus dans la société. La véritable question devient alors : comment trouver un juste milieu qui permette de concilier ces aspects ? Comment, encore une fois, parvenir à l’équilibre ?

Milieu ordinaire : une intégration dans le monde du travail classique

Une participante aux Ateliers du rétablissement en santé mentale IDF 2024©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France

Travailler en milieu ordinaire signifie intégrer un environnement professionnel standard, comme une entreprise privée, une administration publique ou toute autre organisation qui, par défaut, ne propose pas de mesures spécifiquement adaptées aux besoins de ses salariés. Cependant, pour les personnes en situation de handicap, des dispositifs comme la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) peuvent permettre d’obtenir des adaptations même dans ce contexte. Ces ajustements incluent par exemple : des horaires aménagés, des équipements ou espaces de travail adaptés, un accompagnement personnalisé pour répondre aux besoins spécifiques de la personne. Ces mesures visent à rendre le milieu ordinaire plus accessible et à limiter les obstacles pouvant freiner l’inclusion.


Cependant, il est important de souligner que tous les individus vivant avec un trouble psychique ne disposent pas de la RQTH. De plus, même lorsque des aménagements sont accordés, le milieu ordinaire peut rester exigeant :


  • La cadence de travail et la pression liée aux objectifs professionnels peuvent engendrer un stress difficile à gérer.
  • Les interactions fréquentes avec les collègues et l’environnement social du travail peuvent être éprouvantes pour certaines personnes, même dans des équipes bienveillantes.


C’est pourquoi il est essentiel de prendre le temps d’évaluer ses capacités, ses limites et ses besoins avant de s’engager dans un poste en milieu ordinaire. Ce choix doit être mûrement réfléchi et intégré dans un parcours global de rétablissement, en tenant compte des ressources et des soutiens nécessaires pour préserver à la fois son bien-être et son efficacité professionnelle.

Milieu protégé : un espace de soutien renforcé pour un travail adapté

Le milieu protégé, se distingue par un accompagnement renforcé et un cadre de travail spécifiquement adapté aux personnes en situation de handicap, notamment celles vivant avec des troubles psychiques ou des difficultés importantes.

Les Établissements et services d’aide par le travail (ESAT), par exemple, sont des structures destinées aux personnes en situation de handicap reconnues inaptes, temporairement ou durablement, à travailler en milieu ordinaire. Ils offrent un cadre de travail protégé associé à un accompagnement médico-social. Ces établissements permettent de concilier activité professionnelle, développement personnel et soutien adapté, grâce à une équipe pluridisciplinaire composée de moniteurs d’atelier, de travailleurs sociaux, de psychologues, et de chargés d’insertion.


Pour accéder à un ESAT, il est nécessaire d’être reconnu en situation de handicap par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et d’obtenir une orientation milieu protégé via la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). Une fois cette étape franchie, les personnes peuvent directement prendre contact avec un ESAT pour envisager une intégration.


Le travail en ESAT ne se limite pas à l’exécution de tâches professionnelles : il vise également à faciliter une réinsertion progressive dans la vie socio-professionnelle tout en préservant la santé mentale et le bien-être des individus. Le rythme de travail est aménagé, les tâches sont adaptées, et des services de soutien sont proposés pour répondre aux besoins spécifiques. Par exemple, une personne vivant avec un trouble schizophrénique peut y trouver un environnement structurant et moins stressant, propice à son épanouissement.


En parallèle, les ESAT favorisent la montée en compétences grâce à un suivi personnalisé et, dans certains cas, un accompagnement vers le milieu ordinaire. Ces structures jouent un rôle clé dans la construction d’un équilibre entre vie professionnelle et bien-être personnel, offrant un espace où chacun peut progresser à son rythme tout en bénéficiant d’un encadrement bienveillant.


Le milieu protégé offre aussi des opportunités de socialisation et de développement personnel. En travaillant aux côtés de personnes vivant des situations similaires, chacun peut trouver un soutien moral et un environnement où les particularités de la santé mentale sont comprises et respectées. C’est une réponse inclusive, visant à offrir un cadre professionnel aux personnes qui pourraient éprouver des difficultés dans un environnement de travail classique.

Un cheminement personnel entre inclusion et soutien

Choisir entre un milieu ordinaire et un milieu protégé est une démarche personnelle, souvent guidée par la nature du handicap, les objectifs professionnels et le type de soutien nécessaire. Certaines personnes peuvent débuter en milieu protégé pour progressivement passer vers un emploi en milieu ordinaire, tandis que d’autres préfèrent rester dans un environnement où les besoins de santé sont prioritaires. Ce choix n’est pas figé et peut évoluer avec le temps et l’évolution de la personne.


Grâce aux dispositifs de soutien variés, il est possible de passer d’un milieu à l’autre en fonction des besoins et des aspirations. Les associations et les conseillers spécialisés, comme ceux de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), peuvent accompagner ce processus de transition en proposant des orientations et des conseils pratiques.


Ce cheminement s’inscrit dans un processus de rétablissement, où l’on avance étape par étape, en prenant en compte ses propres capacités et priorités. Il s’agit d’un choix actif, permettant à chacun de s’autoriser à choisir le cadre qui convient le mieux pour préserver sa santé mentale, tout en continuant à explorer les opportunités du monde professionnel.

Bâtir un monde professionnel où chacun peut s’épanouir

En définitive, que l’on choisisse un milieu ordinaire ou un milieu protégé, l’objectif reste identique : trouver un cadre de travail respectueux des besoins et des capacités de chacun. Ces choix de parcours ne doivent pas être perçus comme des limitations, mais plutôt comme des adaptations nécessaires pour se construire durablement.


Au-delà des choix individuels, c’est aussi une responsabilité collective. Nous devons tous œuvrer pour un monde professionnel inclusif, où chaque parcours est valorisé et où chaque personne peut trouver sa place.

Chez Plein Espoir, nous croyons en un environnement de travail où chacun peut s’épanouir, et nous nous engageons à promouvoir des pratiques et des solutions qui mettent la santé mentale au centre des préoccupations. Au-delà des objectifs et des résultats, la santé mentale des individus reste la clé d’un parcours professionnel durable.


Vous souhaitez en savoir plus et rencontrer d’autres personnes engagées dans le rétablissement ? Rejoignez les réseaux sociaux de Plein Espoir, le média participatif en plein développement, dédié au rétablissement des personnes concernées par les troubles psychiques.


Cet espace inclusif est une initiative collaborative ouverte à toutes et tous : personnes concernées, proches, et professionnels de l’accompagnement. Vos idées, témoignages, et propositions sont les bienvenus pour enrichir cette aventure. Contribuons ensemble à bâtir une société plus éclairée et inclusive.

Réorientation professionnelle : rebondir après un diagnostic de trouble psy ?

Un diagnostic de trouble psychique peut bouleverser de nombreux aspects de notre vie, et l’un des plus touchés est souvent notre parcours professionnel. Après un tel diagnostic, la question de l’avenir professionnel devient incontournable. Comment continuer dans son emploi ou secteur d’activité ? Faut-il se réorienter ? Et comment rebondir après ce changement de perspective ?


Chez Plein Espoir, nous avons rencontré de nombreuses personnes qui, après avoir pris conscience de leur trouble psychique, ont ressenti le besoin de se réorienter professionnellement. Si cette transition peut sembler complexe, elle est souvent porteuse de nouvelles opportunités. Se réinventer professionnellement, c’est souvent commencer par mieux se connaître, comprendre ses limites et ses aspirations, mais aussi savoir s’entourer des bons soutiens. Bien que chaque parcours soit unique, il existe des étapes qui peuvent nous aider à aborder cette réorientation avec plus de sérénité et de clarté. Il ne s’agit pas seulement de trouver un nouveau job, mais de redéfinir un projet professionnel qui prenne en compte notre réalité, tout en restant porteur de sens et d’épanouissement.

Les défis de la réorientation professionnelle après un diagnostic

Recevoir un diagnostic de trouble psychique peut être un véritable bouleversement, un moment charnière qui chamboule nos repères et nous invite à repenser nos priorités, y compris sur le plan professionnel. Cette introspection, bien que nécessaire, peut être difficile à accepter. Elle nous confronte à une part de nous-mêmes parfois méconnue, ainsi qu’à des limites nouvelles qu’il nous faut apprivoiser.


Mais si ce tournant devenait une opportunité ? Une occasion de mieux nous comprendre, de réévaluer ce qui compte vraiment, et d’envisager d’autres façons d’avancer. À partir de là, il ne s’agirait pas seulement de « faire avec », mais peut-être de faire autrement, en accord avec notre authenticité et nos aspirations renouvelées.


La réorientation professionnelle peut constituer une réponse constructive à ce bouleversement, offrant une opportunité de transformer cette épreuve en un nouveau départ. Elle permet de repenser son parcours, d’adapter ses choix à ses besoins et à ses aspirations, et d’explorer des horizons plus en phase avec sa réalité. Cependant, cette démarche n’est pas sans défis : elle s’accompagne de nombreuses préoccupations, notamment liées à la stigmatisation persistante et à l’incertitude quant à l’avenir. En France, plus de 30 % des personnes vivant avec des troubles psychiques déclarent rencontrer des difficultés à concilier leurs ambitions professionnelles avec les exigences de leur santé. Ces obstacles rappellent l’importance d’un accompagnement adapté et d’un environnement inclusif, favorisant l’épanouissement de chacun, quelles que soient les limites rencontrées.


Face à ce tourbillon de bouleversements, il devient essentiel de redéfinir le champ des possibles. Cela implique d’explorer les options de réorientation professionnelle avec l’appui de professionnels qualifiés, tels que des conseillers en orientation ou des coachs spécialisés en réinsertion. Leur expertise permet de proposer des solutions adaptées aux défis spécifiques liés aux troubles psychiques, tout en tenant compte des aspirations personnelles et des contraintes de santé.


Par ailleurs, le rôle des proches est inestimable dans cette démarche. Amis, familles et personnes de confiance peuvent apporter un soutien précieux, en offrant écoute et encouragement, mais aussi en nous aidant à mieux nous comprendre. Leur présence bienveillante contribue à renforcer la confiance en soi nécessaire pour envisager de nouveaux horizons et faire des choix éclairés.

Ateliers du rétablissement en santé mentale IDF 2024 ©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France

La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) : un possible atout pour la réorientation

En fonction du trouble psychique dont on parle, des symptômes et des conséquences de celui-ci, l’un des soutiens disponibles pour une aide à la réorientation peut être la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). En obtenant ce statut, les personnes concernées peuvent bénéficier d’aménagements spécifiques tels que des horaires flexibles, des pauses supplémentaires, ou des aménagements ergonomiques pour adapter le lieu de travail à leurs besoins ainsi qu’un accès prioritaire à certaines formations et des aides financières.


La RQTH peut-être un levier précieux pour garantir que chaque étape de la réorientation professionnelle se déroule dans un cadre sécurisé. Elle permet d’envisager des emplois, en milieu ordinaire ou protégé, avec des conditions de travail adaptées et d’accéder à des dispositifs d’accompagnement spécifiques pour les personnes en situation de handicap.

Évaluer ses compétences, redéfinir ses objectifs et se former

La réorientation professionnelle débute par une phase de réflexion personnelle pour évaluer ses compétences et ses aspirations. Après un diagnostic, nous éprouvons parfois la nécessité de faire le point sur nos capacités et de redéfinir nos objectifs professionnels afin d’aligner travail et santé mentale. Cette étape peut être facilitée par des bilans de compétences, proposés par des organismes généralistes comme France Travail ou des acteurs plus spécialisés sur les questions de santé mentale comme ARIHM Conseil ou l’association Messidor. Ce type d’accompagnements, pouvant être financés, peut nous aider à identifier nos forces et nos aspirations et ainsi tracer des pistes professionnelles adéquates à notre situation et à la réalité du marché du travail.


La formation continue est un autre atout à considérer pour concrétiser une réorientation après un diagnostic de trouble psychique. Lorsque l’on souhaite acquérir de nouvelles compétences ou se diriger vers des secteurs plus adaptés à ses besoins, les options de formation sont nombreuses. Grâce au Compte Personnel de Formation (CPF), chacun peut financer des parcours certifiants et qualifiants. 

S’entourer d’un réseau de soutien pour mieux rebondir

Comme tout changement d’importance, la réorientation professionnelle peut représenter une épreuve complexe à gérer pour notre santé mentale. Il est donc conseillé de ne pas rester seul face aux défis qu’elle impose.


Au-delà des professionnels de santé et des acteurs spécialisés sur l’insertion professionnelle, s’entourer d’un réseau de soutien est important pour se sentir encouragé et valorisé tout au long de son parcours de réorientation. Les groupes de soutien tels que ceux proposés par la communauté de rétablissement CLUBHOUSE FRANCE offrent de précieuses occasions pour partager ses expériences, recevoir des conseils concrets et s’inspirer du parcours des autres. Ces espaces d’échange peuvent permettre de discuter des obstacles à affronter et de célébrer chaque réussite.

Sophie de Coatpont, Pair-aidante, ici au Congrès Réh@b 2024 ©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France

La réorientation : une étape potentielle vers le rétablissement

La réorientation professionnelle va bien au-delà d’un simple changement de poste. Lorsqu’elle est entreprise dans de bonnes conditions, elle devient une opportunité d’explorer une activité qui aligne mieux ses valeurs, ses aspirations et sa situation. Elle permet de redonner du sens à son parcours et de construire un projet professionnel en cohérence avec soi-même.


Pour ceux qui choisissent cette voie, la réorientation est un chemin ponctué de défis, mais également riche en apprentissages. Chaque étape, aussi exigeante soit-elle, peut devenir une source de satisfaction personnelle, marquant une avancée vers une vie professionnelle plus épanouissante et respectueuse de ses besoins.

Chez Plein Espoir, nous croyons en un environnement de travail où chacun peut s’épanouir, et nous nous engageons à promouvoir des pratiques et des solutions qui mettent la santé mentale au centre des préoccupations. Au-delà des objectifs et des résultats, la santé mentale des individus reste la clé d’un parcours professionnel durable.


Vous souhaitez en savoir plus et rencontrer d’autres personnes engagées dans le rétablissement ? Rejoignez les réseaux sociaux de Plein Espoir, le média participatif en plein développement, dédié au rétablissement des personnes concernées par les troubles psychiques.


Cet espace inclusif est une initiative collaborative ouverte à toutes et tous : personnes concernées, proches, et professionnels de l’accompagnement. Vos idées, témoignages, et propositions sont les bienvenus pour enrichir cette aventure. Contribuons ensemble à bâtir une société plus éclairée et inclusive.

Peut-on tout faire quand on vit avec un trouble psychique ?

Chez Plein Espoir, cette question revient souvent : comment envisager l’avenir avec un trouble psychique, qu’il soit récent ou ancien ? Le diagnostic, s’il éclaire une partie de notre vécu, peut également restreindre notre vision des possibles. Il rend parfois l’idée de « tout faire » inaccessible, voire décourageante. Mais peut-être cette question mérite-t-elle d’être repensée, voire reformulée, particulièrement dans un contexte où l’idée de pouvoir être n’importe qui, faire n’importe quoi, semble être associée à l’idée de « réussite ».


Et si « tout faire » ne signifiait pas accomplir ce que d’autres, ou même nous dans un autre contexte, aurions pu imaginer, mais plutôt vivre pleinement ? Pleinement, cela veut dire en harmonie avec nos besoins, nos limites, et nos aspirations profondes. Trouver cet équilibre pourrait être moins une concession qu’un chemin vers une vie authentique. Peut-on s’épanouir tout en ajustant nos attentes, en prenant soin de notre santé mentale, et sans renoncer à nos rêves ? Cette réflexion, complexe et personnelle, mérite d’être explorée.


Après tout, même sans trouble psychique, personne ne peut « tout faire ». Nos choix, nos ressources, et nos circonstances dessinent toujours des frontières à nos possibilités. Avec un trouble psychique, ces frontières peuvent sembler plus proches, mais l’objectif reste le même : identifier et construire un espace, un projet ou un travail, qui nous permette de vivre de façon équilibrée, satisfaisante, et alignée avec nous-mêmes. Car au-delà des limites, il existe toujours un chemin vers l’épanouissement.

Des contraintes aux tremplins vers notre épanouissement

Dans une société où l’accomplissement personnel et professionnel est souvent vu comme une norme incontournable, la question de savoir si l’on peut « tout faire » avec un trouble psychique peut rapidement sembler irréaliste, voire démoralisante. Mais est-il vraiment nécessaire de s’astreindre aux mêmes objectifs que ceux auxquels nous sommes habitués ? Peut-être que le véritable défi n’est pas de « tout faire » selon des critères extérieurs ou des attentes imposées, mais de redéfinir ce que signifie réussir. Qu’est-ce qui constitue une vie épanouie lorsqu’on vit avec un trouble psychique ? Comment repenser nos attentes et nos projets pour qu’ils soient en adéquation avec notre réalité, tout en tenant compte de nos besoins et de nos limites ? 


Plutôt que de percevoir nos troubles comme des obstacles, il paraît opportun de les envisager comme des leviers pour réinventer notre parcours. Accepter nos contraintes n’est pas un renoncement, mais un ajustement de nos aspirations face à la réalité. En réévaluant nos attentes et en les adaptant à ce qui nous permet réellement de nous épanouir, nous nous offrons la possibilité d’explorer de nouveaux horizons. L’exercice n’est pas facile mais il en vaut la peine.

Ateliers du rétablissement en Santé mentale IDF ©️Maxime Gruss pour Santé mentale France

Trouver des environnements adaptés

Trouver un environnement de travail adapté à ses besoins n’est pas toujours évident, surtout lorsque l’on vit avec un trouble psychique. Tout travail et tout changement, même positif, engendre du stress. L’objectif pour nous n’est pas seulement de chercher à se protéger, mais de trouver un équilibre : un cadre professionnel qui permette à la fois de se sentir en sécurité et de s’épanouir. Cela passe par un environnement flexible, capable de répondre à nos besoins spécifiques tout en nous offrant la possibilité de repousser nos limites.


Certaines personnes peuvent alors choisir le milieu protégé et des structures comme les ESAT (Établissements et Services d’Aide par le Travail), où les missions et horaires sont adaptés aux travailleurs en situation de handicap. D’autres, plus autonomes, se tourneront vers le milieu ordinaire, à travers le salariat ou un travail indépendant, qui permet de fixer ses horaires et potentiellement de mieux gérer les périodes de fatigue ou de stress. Des dispositifs comme la RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé) permettent de bénéficier d’aménagements en entreprise : horaires flexibles, télétravail, pauses supplémentaires, accompagnement psychologique.

L’essentiel est d’initier une réflexion personnelle pour identifier ses besoins, et de trouver les professionnels qui sauront nous accompagner dans ce processus. Il s’agit ensuite de choisir un cadre adapté, respectueux de notre bien-être, sans être contraint par un modèle imposé. Savoir mettre sa santé en priorité, c’est la base de la réussite dans le milieu professionnel. Sans ça, le risque de décrochage et de la perte de l’emploi devient de plus en plus important.

Eric – Responsable paie et personne concernée

Repenser et redéfinir son parcours

En définitive, la question « peut-on tout faire avec un trouble psychique ? » interroge notre capacité à redéfinir nos horizons. En transformant nos contraintes en leviers, il peut devenir possible de poursuivre un parcours professionnel non seulement satisfaisant, mais profondément épanouissant. Cela nécessite une réflexion continue, un ajustement des attentes, et surtout la conviction qu’il n’existe pas une trajectoire unique, rectiligne et “toute tracée”. Chaque individu, avec le soutien adéquat et une meilleure connaissance de ses besoins, peut trouver ses réponses et les affiner au fil du temps.

Chez Plein Espoir, nous croyons en un environnement de travail où chacun peut s’épanouir, et nous nous engageons à promouvoir des pratiques et des solutions qui mettent la santé mentale au centre des préoccupations. Au-delà des objectifs et des résultats, la santé mentale des individus reste la clé d’un parcours professionnel durable.


Vous souhaitez en savoir plus et rencontrer d’autres personnes engagées dans le rétablissement ? Rejoignez les réseaux sociaux de Plein Espoir, le média participatif en plein développement, dédié au rétablissement des personnes concernées par les troubles psychiques.


Cet espace inclusif est une initiative collaborative ouverte à toutes et tous : personnes concernées, proches, et professionnels de l’accompagnement. Vos idées, témoignages, et propositions sont les bienvenus pour enrichir cette aventure. Contribuons ensemble à bâtir une société plus éclairée et inclusive.

Troubles psychiques au travail : doit-on en parler, quand et comment ?

Parler de nous, dans l’environnement personnel ou professionnel, est un exercice complexe. Que dire, où commencer et où finir ? Comment rester authentique sans avoir l’impression de trop se dévoiler ? La communication n’est pas une chose innée et il est souvent difficile de parvenir au juste équilibre. Ne serait-ce que parce que chaque interlocuteur est spécifique, avec son contexte et sa qualité d’écoute à lui.


Pourtant il paraît souvent opportun de se lancer, qu’il s’agisse d’affirmer son identité, d’exprimer des besoins ou de tisser des liens sains et sincères avec d’autres humains – qu’ils soient des amis, collègues ou managers. Mais lorsque la question devient celle de notre santé mentale et, dans certains cas, d’un trouble associé, le défi s’amplifie. Et d’autant plus dans un cadre professionnel, souvent jugé comme peu propice au registre émotionnel et valorisant la performance et la rationalité. Alors comment aborder notre fragilité au travail à bon escient sans risquer de remettre en cause notre légitimité ? 


Avant même de se poser la question du comment, il est essentiel de trouver nos réponses au pourquoi. Pourquoi choisir de parler de notre trouble psychique – ou non – à notre employeur et/ou à nos collègues ? Pourquoi prendre le risque de nous exposer quand celui-ci peut être source d’incompréhension ou, pire, de discrimination, encore trop souvent associé à un point faible alors qu’il peut être également une ressource ? Une fois que le pourquoi est pour soi clarifié, il s’agit ensuite de trouver les mots pour le dire – si on choisit d’en parler.

Oser parler quand le tabou fait obstacle 

Bien que la question de la santé mentale soit de plus en plus abordée dans l’espace public et médiatique, sans toujours une clarification des concepts, de nombreux travailleurs considèrent encore leur milieu professionnel comme un espace où il est difficile de parler de leurs problématiques personnelles. Parler de (notre) santé mentale au travail reste un véritable tabou qui fait peur. En cause : un manque d’information, d’outils et de sensibilisation adaptés — un défi auquel certains acteurs tentent de remédier comme Santé mentale France. Ce n’est d’ailleurs que récemment que la loi a rendu obligatoire la protection de la santé physique et mentale des travailleurs.


En France, chaque année, une personne sur cinq est touchée par un trouble psychique, et près d’un salarié sur deux se déclare en détresse psychologique. Parallèlement, les cas de dépression et les burn-out continuent d’augmenter. Combien de ces personnes osent vraiment aborder ces enjeux personnels sur leur lieu de travail ? Combien sont prêtes à expliquer les difficultés liées à leur concentration, motivation, régulation émotionnelle ou autres comportements altérés ?


Dans le cadre des démarches liées à la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), il peut exister une forme de dialogue amorcé, car la reconnaissance administrative ouvre la voie à un cadre spécifique de soutien et d’accompagnement. Pour ceux qui ne bénéficient pas de la RQTH, l’absence de dispositifs adaptés rend encore plus difficile l’expression de leurs besoins ou de leurs difficultés. En l’absence de reconnaissance formelle, beaucoup de salariés se retrouvent dans une situation de silence ou de minimisation de leurs souffrances, faute d’un espace sécurisé où exprimer leurs préoccupations et leurs besoins.

Le travail est au cœur de mes échanges avec ma psychiatre. À chaque séance, je lui parle de l’anxiété qu’il génère et des stratégies que je mets en place pour équilibrer ma vie personnelle et professionnelle. Elle m’accompagne pour que je puisse m’épanouir tout en me préservant. Un jour, elle m’a proposé la RQTH comme moyen de parler de mon trouble psychique à mon employeur et de bénéficier d’aménagements adaptés. Je n’y ai pas eu recours, mais cela m’a fait reconsidérer la possibilité d’aborder ma fragilité avec mon employeur, en envisageant des solutions concrètes. – Camille, juriste et personne concernée

Des participants durant le Congrès Réh@b’ 2024 – ©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France

Trouver les bonnes raisons d’en parler

Parce qu’ils peuvent avoir de lourds impacts sur notre travail quotidien, parler des troubles psychiques en entreprise ouvre la voie à des solutions concrètes et permet de mieux comprendre et gérer sa situation. Bien que de nombreux obstacles puissent freiner cette démarche, le dialogue est souvent la clé pour faciliter la mise en place de mesures adaptées, en collaboration avec la médecine du travail. Ces ajustements peuvent aller de la modification des horaires à des outils ergonomiques, et ainsi alléger les difficultés liées au trouble. 


Parler de sa fragilité au travail, ce n’est pas faire preuve de faiblesse, c’est au contraire se donner les moyens de sa performance. Vivre avec un trouble, c’est aussi apprendre à travailler avec, en trouvant les solutions qui nous conviennent. Lorsque l’on parvient à ajuster son environnement et ses méthodes de travail, on peut non seulement mieux gérer ses défis, mais aussi s’épanouir sur du long terme. 


Ceci étant dit, il est important de rappeler que certains environnements de travail sont plus ouverts et réceptifs à ces questions. Il est ainsi nécessaire de considérer chaque situation individuellement, en raison des tabous persistants et des réalités propres à certaines entreprises. Vivre avec un trouble de santé mentale implique de naviguer et de cheminer jusqu’à trouver le cadre adapté à soi.

Comment s’y prendre ?

Dans La vérité sur les troubles psychiques au travail (Payot), la sociologue Claire Le Roy Hatala aborde le tabou de la santé mentale en entreprise et propose des clés de compréhension pour les salariés et les managers. Elle recommande de parler de soi plutôt que de son trouble, car ces derniers ne nous définissent pas en tant que personne, mais peuvent être vus comme un outil pour instaurer le dialogue. Il s’agit de se concentrer sur les répercussions concrètes du trouble dans notre quotidien professionnel, plutôt que sur la maladie en elle-même, et de proposer des solutions pratiques pour minimiser l’impact, sur nous et sur les autres.


Le témoignage d’Ange dans le podcast Plein Espoir – vivre bien avec son trouble psy illustre parfaitement cette approche. En évoquant le désagrément des réunions trop tardives, elle découvre que ce créneau dérange aussi ses collègues. Ce simple ajustement a ouvert un espace de dialogue constructif et a permis de repenser l’organisation du travail pour le bien-être du collectif. Les troubles psychiques peuvent ainsi devenir un levier pour renforcer l’écoute et améliorer le bien-être de tous.

Mathieu LAFRECHOUX – Directeur du dispositif Santé mentale durant le Congrès Réh@b’ 2024, Chargé d’étude – GEIST Mayenne
©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France

Chez Plein Espoir, nous croyons en un environnement de travail où chacun peut s’épanouir, et nous nous engageons à promouvoir des pratiques et des solutions qui mettent la santé mentale au centre des préoccupations. Au-delà des objectifs et des résultats, la santé mentale des individus reste la clé d’un parcours professionnel durable.


Vous souhaitez en savoir plus et rencontrer d’autres personnes engagées dans le rétablissement ? Rejoignez les réseaux sociaux de Plein Espoir, le média participatif en plein développement, dédié au rétablissement des personnes concernées par les troubles psychiques.


Cet espace inclusif est une initiative collaborative ouverte à toutes et tous : personnes concernées, proches, et professionnels de l’accompagnement. Vos idées, témoignages, et propositions sont les bienvenus pour enrichir cette aventure. Contribuons ensemble à bâtir une société plus éclairée et inclusive.

Comment le travail peut devenir un levier de rétablissement ?

Chez Plein Espoir, nous constatons chaque jour que pour les personnes vivant avec un trouble psychique, le travail dépasse largement le cadre de la simple source de revenus. Il peut être un véritable espace de redécouverte personnelle, où il est possible de donner à nouveau du sens à sa vie, de renforcer son estime de soi et de reconstruire des liens sociaux souvent fragilisés par l’isolement. Pour beaucoup, l’expérience professionnelle est aussi une manière de réaffirmer leur place dans la société, de se sentir utile et de se réconcilier avec leurs capacités.


Cependant, pour que le travail puisse réellement jouer ce rôle de levier dans le parcours de rétablissement, il ne suffit pas qu’il soit simplement présent. Il doit s’accompagner de conditions adaptées qui favorisent l’épanouissement, la stabilité émotionnelle et la confiance en soi. Lorsque ces conditions sont réunies, le travail peut se transformer en bien plus qu’une simple activité professionnelle : il devient un véritable levier de mieux-être, d’insertion sociale et d’autonomisation.

Pour que ce potentiel soit pleinement exploité, des défis doivent être relevés, tant par les personnes concernées que par les entreprises qui les emploient.

Image 1 : Le stand de l’association Benenova – Ateliers du rétablissement en santé mentale IDF ©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France
Image 2 : Des participants discutent lors des Ateliers du rétablissement en santé mentale IDF

L’importance du cadre quand on vit avec un trouble psychique

Le travail peut offrir une structure essentielle dans le quotidien de ceux qui vivent avec des troubles psychiques. Cette organisation régulière permet de limiter les pensées négatives, de renforcer le sentiment d’utilité et de maintenir une certaine stabilité dans le rythme de vie. Ce cadre est d’autant plus important pour les personnes touchées par des troubles comme les troubles anxieux ou la bipolarité, qui engendrent souvent des fluctuations d’humeur ou des difficultés à organiser leur emploi du temps. Le fait d’avoir une routine structurée et des objectifs à atteindre aide à mieux gérer ces fluctuations.


Ainsi, d’après une étude menée par Santé Publique France, 70 % des personnes concernées estiment que leur emploi a un impact positif sur leur stabilité émotionnelle. Cela confirme que, pour beaucoup, le travail devient un facteur de régulation émotionnelle et de gestion des symptômes au quotidien.

Le travail : un outil pour renforcer l’estime de soi et recréer du lien social

Un emploi adapté à la situation de chacun peut devenir une véritable clé de résilience. En étant confrontées à des tâches et des responsabilités, les personnes concernées retrouvent souvent un sentiment d’accomplissement et de reconnaissance qui leur permet de se sentir valorisées. L’expérience professionnelle est aussi un moyen de démontrer à soi-même qu’il est possible de réussir, malgré les défis imposés par le trouble psychique. C’est souvent un moment de prise de confiance en soi.


En outre, le travail permet de sortir de l’isolement, une problématique fréquente pour les personnes vivant avec des troubles psychiques. Les interactions avec des collègues, qu’elles soient simples ou plus approfondies, contribuent à tisser des liens sociaux et à reconstruire un réseau de soutien. Ce lien avec le monde extérieur est d’autant plus essentiel dans un parcours de rétablissement, car il participe à la réintégration sociale et à l’inclusion dans la société.


L’expérience professionnelle peut aussi être une occasion d’acquérir de nouvelles compétences. Qu’il s’agisse d’un emploi dans un cadre protégé ou adapté, le travail permet de développer des aptitudes qui renforcent la confiance en soi et donnent l’opportunité de progresser personnellement et professionnellement. Chaque tâche accomplie, chaque objectif atteint devient une petite victoire, un pas supplémentaire vers le rétablissement.

Les risques du travail si les conditions ne sont pas adaptées

Malheureusement, le travail peut aussi devenir un facteur de stress et d’épuisement si les conditions ne sont pas bien pensées. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 25 % des travailleurs vivant avec un trouble psychique déclarent que leurs symptômes se sont aggravés à cause de conditions de travail inadaptées. La peur de la stigmatisation, la pression excessive liée à des tâches inappropriées ou encore un manque de soutien dans l’équipe peuvent intensifier les difficultés.


Les personnes concernées peuvent être tentées de dissimuler leurs problèmes pour éviter d’être jugées, ce qui alourdit leur charge mentale et empêche souvent d’obtenir l’aide nécessaire. Une surcharge de travail, un rythme trop soutenu ou des objectifs irréalistes peuvent également provoquer des rechutes et nuire à la santé mentale. De plus, si l’environnement de travail manque de sensibilisation aux troubles psychiques, ce qui est souvent le cas, il est facile de se sentir isolé, ce qui peut nuire à la confiance et à la motivation.

Des participants devant le stand de l’éditeur de la revue Pratiques en Santé Mentale durant le Congrès Réh@b’ 2024 ©️ Maxime Gruss pour Santé mentale France

Créer un environnement de travail inclusif : des solutions adaptées

Aussi, pour que le travail devienne un levier de rétablissement pour les personnes vivant avec un trouble psychique, il est essentiel que les employeurs adaptent les conditions de travail aux besoins spécifiques de chacun. Par exemple, offrir des horaires flexibles permettant à chaque salarié de travailler selon ses pics d’énergie peut considérablement réduire le stress et améliorer la productivité. De même, des aménagements simples, comme la création d’espaces de travail calmes, la possibilité de télétravail ou l’instauration de pauses régulières, peuvent alléger la charge mentale et prévenir l’épuisement. Ces ajustements profitent non seulement à la personne concernée, mais favorisent également une ambiance de travail plus sereine et collaborative pour toute l’équipe.


Pour garantir un soutien durable, des dispositifs comme les programmes d’aide aux employés (PAE), qui incluent des lignes d’écoute et un accompagnement psychologique, jouent également un rôle clé. Ces ressources renforcent l’inclusion et la solidarité au sein de l’entreprise, en permettant à chaque salarié de se sentir soutenu dans son parcours professionnel.


Toutefois, cette transition nécessite un accompagnement, car les entreprises ont, elles aussi, besoin de soutien pour intégrer ces ajustements de manière efficace. Au-delà des aménagements matériels, il est crucial de sensibiliser les équipes, et notamment les managers, aux enjeux de la santé mentale. Des formations comme les Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM) permettent par exemple de mieux comprendre les troubles psychiques et d’apprendre à repérer les signaux de détresse. En ce sens, les employeurs et managers, en étant bien accompagnés, peuvent développer une culture d’écoute et de bienveillance, où les sujets de santé mentale sont abordés en entreprise de manière ouverte, sans tabou et sans « bullshit ».


En somme, permettre au travail de devenir un levier de rétablissement et créer un environnement de travail inclusif est une responsabilité collective. Les employeurs, accompagnés et formés aux enjeux de la santé mentale, sont mieux à même de mettre en place des solutions bénéfiques pour les personnes concernées et l’ensemble de l’équipe. Ces ajustements favorisent non seulement le bien-être individuel, mais renforcent également la cohésion et la solidarité au sein de l’entreprise. Des acteurs comme Santé mentale France et plusieurs de ses partenaires proposent des formations et des outils pratiques pour aider les employeurs et les managers à mieux comprendre et gérer les enjeux de la santé mentale en milieu professionnel.

Chez Plein Espoir, nous croyons en un environnement de travail où chacun peut s’épanouir, et nous nous engageons à promouvoir des pratiques et des solutions qui mettent la santé mentale au centre des préoccupations. Au-delà des objectifs et des résultats, la santé mentale des individus reste la clé d’un parcours professionnel durable.


Vous souhaitez en savoir plus et rencontrer d’autres personnes engagées dans le rétablissement ? Rejoignez les réseaux sociaux de Plein Espoir, le média participatif en plein développement, dédié au rétablissement des personnes concernées par les troubles psychiques.


Cet espace inclusif est une initiative collaborative ouverte à toutes et tous : personnes concernées, proches, et professionnels de l’accompagnement. Vos idées, témoignages, et propositions sont les bienvenus pour enrichir cette aventure. Contribuons ensemble à bâtir une société plus éclairée et inclusive.